4 conseils de Kim Auclair pour un chercheur d’emploi sourd ou malentendant
Au Québec, un grand nombre de gens souffrent d’une déficience auditive, soit 25 % de la population (ça peut être très léger pour certains) et ce pourcentage grimpe à 65 % chez les personnes de plus de 70 ans.
Bien entendu, devoir se chercher un emploi lorsque vous êtes sourd ou malentendant représente un grand défi. Bien que ce handicap soit invisible au départ, il devient vite apparent dès qu’un échange verbal doit avoir lieu. Dit autrement, une personne qui souffre d’une telle déficience a le choix de ne pas en faire part dans son curriculum vitae et sa lettre. Toutefois, dès qu’elle recevra un appel de la part de l’employeur, son handicap deviendra évident.
Vaut-il mieux alors prévenir l’employeur de son handicap plutôt que provoquer la surprise?
Kim Auclair en connaît long sur ce type de question. Kim a éprouvé des grandes difficultés lors de sa recherche d’emploi à cause de sa faible audition, ce qui l’a amenée finalement à créer sa propre entreprise. Plutôt que de chercher un employeur, elle a cherché des clients. Dans son cas, ça s’est avéré la meilleure des solutions.
Aujourd’hui, elle est réputée dans le secteur des communications et du développement de contenu. Sa compétence est reconnue partout au Québec. Elle s’implique désormais à aider les autres personnes, comme elle, qui souffrent d’un problème d’audition.
Voici trois de ses conseils.
Miser d’abord sur ses compétences et les rendre visible
Un chercheur d’emploi ne doit jamais se présenter d’abord par ses limitations. Personne n’a envie d’engager un employé sur la base de son handicap. Un employeur va opter pour un travailleur à cause de ses aptitudes utiles et recherchées. Ensuite, il va composer avec le fait que ce travailleur a certaines limitations.
Plus les aptitudes apparaissent rares et intéressantes, plus l’employeur sera prêt à accepter celles-ci.
Donc, un chercheur d’emploi doit travailler fort à développer des compétences extraordinaires afin de compenser son handicap. Il ne suffit pas non plus d’avoir du talent, il faut aussi qu’il devienne visible sur le marché. Au final, un trésor qui n’est jamais révélé, ça ne peut pas être considéré comme un trésor.
Par exemple, Kim publie beaucoup de contenus sur les réseaux sociaux et c’est de cette manière que j’en suis venu à m’intéresser à elle et à reconnaître son expertise.
Procéder par des rencontres d’exploration s’avère aussi un avantage, afin de se faire connaître. C’est une belle alternative à postuler sur des annonces.
Faire ressortir les avantages de son handicap
C’est rare qu’un handicap présente certains atouts, mais c’est le cas pour les personnes malentendantes ou sourdes. Le bruit en milieu de travail est un puissant irritant. Pour vous en rendre compte, parlez-en autour de vous à ceux qui travaillent en usine ou dans des espaces ouverts de travail. Ne pas entendre tous les sons indésirables aide à la concentration. Si ce travailleur peut mieux entendre grâce à un appareil, il peut décider de débrancher son appareil quand le bruit s’avère trop dérangeant. À l’inverse, les autres travailleurs ne peuvent pas débrancher leurs oreilles.
Kim ajoute qu’un employeur peut compter davantage sur la fidélité d’un employé ayant ce handicap, car son milieu de travail sera vraiment adapté pour lui et il s’est qu’il est déjà compris et accepté par son entourage professionnel.
De plus, ces travailleurs ont appris très tôt dans leur vie à se débrouiller et à se montrer résilient. C’est sans compter qu’ils ont dû apprendre à composer avec la technologie ayant eu à l’utiliser pour leurs troubles d’audition.
Utiliser toutes les ressources existantes à sa disposition
Un employeur peut recevoir de l’aide financière pour adapter un poste de travail afin d’accommoder un travailleur sourd ou malentendant. Il peut s’agir de signaux sonores ou vibratoires pour remplacer les signaux sonores ou d’appareils permettant de mieux communiquer lors des réunions.
De plus, Emploi-Québec offre des mesures salariales à l’employeur, ce qui signifie que le gouvernement débourse un pourcentage du salaire, ce qui s’avère un avantage financier avantageux, surtout si l’handicap nuit de façon minime.
Toutefois, il est gagnant pour le chercheur d’emploi de connaître toutes ces ressources utiles et de savoir comment bien les proposer au moment de l’entrevue.
Un bon départ, est de consulter le Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées (ROSEPH). Sur son site, vous pourrez consulter le répertoire de ses membres qui sont tous des organismes indépendants financés par Emploi-Québec qui travaillent en étroite collaboration avec les Centre locaux d’emploi. Ensuite, il peut être intéressant de regarder du côté de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ), qui travaille sur l’intégration professionnelle des travailleurs handicapés (ex. : adaptation de poste de travail).
D’autres ressources pourraient vous être utiles afin de vous accompagner dans votre recherche d’emploi et intégration professionnelle. C’est également une opportunité de rencontrer des personnes qui ont vécu des difficultés similaires aux vôtres :
- SPHERE, Soutien à la personne handicapée en route vers l’emploi ;
- la Fondation des sourds du Québec ;
- le Centre de réadaptation MAB-Mackay, qui a pour mission d’aider ses clients à maximiser leur autonomie et leur participation à la vie de leur communauté ;
- l’Association des personnes avec une déficience de l’audition (APDA) ;
- Le Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes (ReQIS).
Identifier la stratégie la mieux adaptée
Pour compléter cet article, nous revenons sur cette fameuse question : Vaut-il mieux alors prévenir l’employeur de son handicap plutôt que provoquer la surprise?
Kim considère qu’il s’agit d’un choix personnel et plusieurs scénarios sont envisageables. Certains chercheurs d’emploi vont l’annoncer au moment même de postuler dans le courriel. Ce point ne sera pas mentionné dès le premier paragraphe (rappelons-nous le premier conseil de cet article).
L’avantage est d’éviter l’effet de surprise. C’est annoncé comme une particularité. Voici un exemple de message qui pourrait se trouver à la fin d’un courriel ou d’une lettre de présentation :
Veuillez prendre note que je suis malentendant, ce qui explique que je préfère dans la mesure du possible communiquer par écrit. Je dois vous aviser que pour l’entrevue, je serai accompagné d’un interprète.
Bien entendu, mon handicap ne nuit aucunement à ma prestation de travail grâce à la technologie. Pour compenser l’adaptation qui serait nécessaire à mon intégration, il existe des mesures très avantageuses pour les employeurs.
Avec cette approche, l’inconvénient est le risque que sa candidature soit rejetée d’entrée de jeu.
Vous pouvez ne rien dire et attendre d’être invité à l’entrevue. Au moment de parler à l’employeur, vous annoncerez la situation. Dans ce cas, il est préférable d’être bien préparé.
En conclusion
Peu importe votre limitation auditive, votre secteur d’activité ou la stratégie que vous déciderez d’adopter, ce qui importe surtout c’est votre attitude. Oui, vous pouvez trouver votre situation injuste. Oui, certains employeurs ne sont pas aussi compréhensifs qu’ils devraient l’être.
Par contre, retenez qu’une mauvaise attitude s’avère toujours comme votre plus grave handicap.
Pour mieux connaître le parcours incroyable de Kim, je vous invite à consulter cet article que j’ai déjà rédigé à son sujet, en cliquant ici.
Source : Jobboom